Darwin, entre nature et culture
Voyager en van, c’est génial, mais ça devient contraignant quand on arrive dans les grandes villes. La plupart du temps, il est interdit de dormir dans son véhicule, les campings sont chers, et les premières aires gratuites sont à une centaine de kilomètres…
Alors souvent, on ne s’attarde pas. Mais à Darwin, on n’a pas le temps de galérer : Stephen et sa famille nous ouvrent grand la porte de leur belle maison, à un jet de pierre de la plage et deux et demi du centre ville. Stephen, on a eu la chance de le rencontrer en Tasmanie,il y a quelque mois, il y était en déplacement pour son travail. On aime quand le hasard organise un bout de notre voyage.
On découvre l’air tropical du top End et l’ambiance décontractée d’une fin de saison sèche : les festivals gratuits, l’art et la musique au coin des rues, les concerts en plein air…
Le musée de Darwin (Museum and Art Gallery of the Northern Territory) est une vraie pépite. La collection d’art aborigène présente des oeuvres traditionnelles et contemporaines de différents peuples d’Australie. On reste scotché devant les immenses écorces peintes aux ocres naturelles. Mais les expositions du musée sont toutes plus intéressantes les unes que les autres : la collection d’histoire et sciences naturelles, Sweetheart le croco qui a ému l’Australie, une belle série de photos sur le métamorphisme des animaux ou « comment se faire passer pour son voisin venimeux quand on est une petite bête innofensive ? », une expo saisissante sur le cyclone de Tracy qui a ravagé Darwin en 1974…
En plus, ce soir, dans le parc du musée, ils donnent les résultats du NATSIAA, un concours d’art aborigène qui a lieu tous les ans. Dans l’herbe face à la scène, chacun est confortablement installé sur sa couverture colorée. Un fond de musique live se mélange avec le bruit de l’océan, le soleil se couche derrière les palmiers : bienvenu dans les tropiques !
C’est dans la même ambiance que nous assistons, quelques jours plus tard, au concert de Xavier Rudd : un artiste musicien australien que l’on aime beaucoup. Il joue avec son orchestre : Xavier Rudd and the United Nation. La scène est installée dans le théâtre de verdure du jardin botanique, buvettes en bambous et guirlandes de lampions dans les arbres. La grande étendue d’herbe face à la scène est divisée en deux « blanket parking » et « chairs » : Chacun amène sa couverture ou sa petite chaise, si tu veux danser, c’est encore un peu plus devant. Il y a de la place pour circuler, les gens sont relax, le son du didgeridoo fait vibrer. On a adoré !
Si les gens sont « cool » ici, c’est pour compenser avec la faune locale. « Si tu restes vigilent, et que tu regardes bien où tu mets les pieds, il n’y a pas de problèmes pour se baigner. C’est pas comme si t’allais te prélasser dans l’eau la tête en l’air en rêvassant, de toutes façons ! ». Ah, bin si justement, c’était plutôt ce qu’on aurait fait, spontanément. On parle beaucoup des crocodiles, mais il y a aussi les « box jelly fish », des méduses hyper dangereuses, les « mud crabs » qui peuvent facilement te sectionner un orteil, et même les coquillages sont prêts à t’injecter une dose mortelle de venin ! On apprend vite : l’eau turquoise, elle est plus belle en carte postale.
Stephen passe une partie de ses week-end sur son petit bateau entre les billabongs, les rivières et la mer. Les cannes à pêche sont plus un prétexte. Ce qu’il aime, c’est être sur l’eau, prendre des photos des oiseaux et profiter du grand air. On embarque avec lui, à la découverte de la vie des bords de l’eau.
Le billabong, c’est un trou d’eau qui se remplit pendant la saison des pluies et qui s’évapore pendant la saison sèche, parfois jusqu’à disparaître complètement. La vie fourmille autour des billabongs. Les Jakana (genre de minuscules poules d’eau), sautent d’un nénuphar à l’autre. On aperçoit deux Jabiru de très près sur la berge : grands oiseaux très représentés dans les peintures des peuples aborigènes du nord.
Le bateau glisse sur les nénuphars, l’eau est lisse comme un miroir. La fumée des feux contrôlés s’élève au loin, c’est la panique dans les broussailles !
Un nombre incroyable d’oiseaux gravite autour des billabongs et des rivières.
Les crocodiles se font moins timides sur l’Adelaide River. On s’approche lentement de la berge. « Restez bien au centre du bateau, ne laissez pas traîner vos bras ! » nous dit Stephen. Les crocodiles attendent le dernier moment pour s’enfoncer dans l’eau, nous jetant un sale regard l’air de dire « Les mecs, c’est bien parce que c’est l’heure de la sieste et que je suis repus, autrement j’vous aurais bouffé tout crus ! ». On n’a pas envie de les déranger plus longtemps. « Euh, Stephen, plus près t’es sûr ? On les voit plutôt bien d’ici tu sais… »
On laisse ces monstres de 4 ou 5 mètres de long digérer en paix, en espérant ne pas faire parti de leur prochain dîner.
Pendant notre séjour, Stephen nous propose d’aller pêcher des crabes dans le port de Darwin. Des carcasses de poulets dans les trappes empilées à l’avant du bateau, on file en direction la mangrove. Il faut déposer les paniers en s’assurant qu’ils tombent bien droits dans l’eau, et accrocher le flotteur dans les branches. Suffisamment caché pour ne pas attirer les convoitises, mais suffisamment visible pour qu’on puisse le retrouver. Ce n’est franchement pas évident de se repérer au milieu des racines entremêlées de la mangrove.
Le matin suivant, on vient relever les paniers. La pêche n’est pas bonne, un seul crabe trop petit, on le relâche. On reviendra demain.
Finalement on attrape deux crabes. Le soir, Stephen et Fiona ne sont pas là, alors on cherche sur internet comment les cuisiner. Transférer les crabes du bateau dans un seau, puis du seau à la marmite, sans perdre un doigts (ou un orteil), est une histoire épique. Manger les crabes sans pinces ni casse-noix, en est une autre. Mais on finira bien par les savourer, ces fameux « crabes de boue » qui sont plus délicieux que leur nom !
Fiona et Stephen nous prêtent des masques et des tubas. Un matin, à la fraîche, on part explorer la vie aquatique à Berry Springs, une réserve naturelle au sud de Darwin. Une petite cascade rencontre une source chaude qui alimente une série de bassins de tailles différentes. Quand nos yeux passent sous le niveau de cette eau tiède, on est fasciné. Des poissons plats, des tout allongés, des avec un long nez, des violets à pois jaune, des plus ronds à rayures rouges… On passe un moment magique à découvrir ces coulisses de la nature.
Darwin Territory Wildlife Park se trouve dans le même coin. On y découvre les animaux qui peuplent la région, regroupés par zones géographiques et climatiques : le billabong, la forêt pluviale, le lagon, les bois. L’aquarium est fantastique ! On redécouvre des poissons que l’on a vu l’autre jour à Berry Springs. Nous y voyons aussi le fameux barramundi, gros poisson très prisé des pêcheurs d’ici. Un vrai monstre marin ! Le parc est grand, il y a même un bus qui peut déposer les visiteurs dans les différentes zones. On préfère marcher pour découvrir la végétation luxuriante et variée de la région.
Avoir une vraie maison, avec aspirateur et tuyeau d’arrosage, c’est l’occasion de donner un petit coup de poussière sur notre Yellow van qui n’est plus si jaune que ça. On en profite pour le mettre à nu (les bandes bleues, c’était un peu trop rétro), et le prendre en photo sous toutes les coutures. Il est bientôt temps pour nous de s’en séparer, alors on anticipe…
On ne remerciera jamais assez Stephen, Fiona, Tully et Luca qui nous ont accueilli si chaleureusement pendant ces deux semaines. On a bien insisté un peu pour travailler en échange du gîte. Pas moyen : « Profitez !» nous ont-ils dit. On se souviendra des quelques délicieux repas partagés, des cours d’argot français et des soirées dominos bien animées !
Annie Moisset 12 janvier 2016 - 5 h 57 min
Encore de belles images qui nous font rêver. Les articles se font attendre mais on les savoure d’autant plus. Que de belles rencontres!( mis à part quelques spécimens de la faune locale). J’espère la suite pour bientôt. Je vous envoie de gros bisous bien mouillés par le temps pourri d’ici.
Annie
Justine B. 14 janvier 2016 - 9 h 50 min
Je suis contente de savoir ce qu’est un billabong (autre que la marque de vêtements!). Ces photos sont sublimes, j’ai une préférence pour le Jakana avec ses belles couleurs et son vol dont ta description m’a fait bien rire!! Tout ce soleil, ces couleurs et cette verdure font du bien aux yeux! Merci les copains!