cooktown beach
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La chasse au Casoar

Cap sur le Nord et la Daintree Forest. La route longe la côte déchiquetée et nous offre quelques beaux points de vue dégagés. On passe à travers les champs de cane à sucre, croisant par moment le petit train qui transporte les récoltes. Au loin, la brume estompe la silhouette des montagnes. Tout ce qui n’est pas exploité par l’homme est colonisé par une épaisse végétation, forêt humide ou jungle tropicale, jusqu’aux contours de longues plages désertes. On se croirait dans les caraïbes.

Daintree National Park

La forêt de Daintree – Daintree Forest

Cette végétation luxuriante abrite un gros oiseau rare à la dégaine préhistorique : le Casoar. Cette espèce endémique est en voie de disparition, mais avec un peu de chance et de patience, on peut apercevoir un des derniers survivants.

casoar sign

Nous voilà donc partis sur les traces du Casoar. On se lève tôt, pour être les premiers à arpenter les sentiers, l’appareil photo bien réglé au cas où il faudrait dégainer. Écouter la nature se réveiller, profiter de la belle lumière du matin. Le bougre est bien timide, et des quelques jours que nous passerons ici, nous ne verrons que quelques excréments et ses grosses empreintes dans le sable…

A défaut d’apercevoir le plumage flashy de ce drôle d’oiseau, nous nous régalons des promenades dans la jungle. Les arbres les plus grands déploient leur feuillage en parasol, préservant l’ombre et l’humidité à l’intérieur de la forêt. Le sol, tapis moelleux de mousses, de feuilles mortes et de troncs pourris s’enrichit au fil des saisons. Chaque creux, chaque recoin accumule un peu d’eau, un peu de terre, et devient prétexte à une nouvelle vie. Les plantes s’enlacent, s’entremêlent, se superposent et s’étouffent dans une course éternelle vers la lumière. Tout est tellement différent des bois de chez nous, tellement plus grand, démesuré. A chaque fois que notre regard s’arrête, on découvre une nouvelle plante, une nouvelle fleur, une nouvelle forme, un nouvel insecte.

rainforest

giant tree

fougère

Sur la plage on est intrigué par un truc assez étonnant : des petites billes de sables disposées autour d’un trou, créant le même genre de motif que certaines peintures aborigènes.

bille de sable

billes de sable

On passe un bon moment, les fesses posées dans le sable, les yeux rivés sur le trou, curieux de découvrir l’artiste. En vain. On change de trou, sans succès. C’est seulement plus tard qu’on surprendra le responsable ! En plus d’être très timide, il est plutôt calé en matière de camouflage. En attendant de connaître son petit nom, on le baptise Crababoulette.

crabe

Où est Craby ? – Where is Craby ?

crabe

Un bon camouflage ! – Good camouflage

C’est un crabe qui creuse. Ok. Mais ça n’explique pas les billes ?! On a éludé le mystère : le sable n’a pas le temps de s’amonceler, le vent déplace les petits tas, en roulant ils deviennent de belles petites billes bien rondes et s’arrangent aléatoirement autour du trou. D’ailleurs, on se rend vite compte que ça ne fonctionne pas avec les gros crabes. Autour de leur trou, il n’y a qu’un gros tas de sable.

Au nord du Cap Tribulation, la route est trop mauvaise pour qu’on s’y risque avec notre van. Ce serait con de perdre des bouts maintenant, alors qu’on le vend dans quelques jours… On fait un détour par l’intérieur des terres pour rejoindre Cooktown. Nous retrouvons ce paysage aride que nous connaissons bien. Des vaches rachitiques errent au bord de la route.

sur la route

Sur la route – On the road

Au milieu de la chaussée, un mec fait de grands gestes pour que l’on s’arrête. En ralentissant, on aperçoit un van retourné dans le bas-côté. Il nous demande si l’on va à Cooktown, et si l’on voudrait bien y déposer un couple de français qui vient d’avoir un accident. On n’a pas 4 places dans le van, mais avec un de nous deux sur le canapé on devrait pouvoir s’arranger.

C’est comme ça qu’on rencontre Stéphane et Brigitte : tout juste arrivés en Australie, premier jour à bord de leur van de location. Ils sont un peu sonnés, mais heureusement rien de grave. « Tiens Stéphane, prends un sopalin pour essuyer le sang qui coule de ton bras » (parce qu’on a des acheteurs pour le van, et qu’on aimerait leur éviter la scène de crime…).

Le van est bien chargé, on roule à 60 km. Après un détour par le poste de police et quelques coups de fil aux assurances, on termine la soirée dans un petit resto, à se raconter nos histoires autour d’un fish and chips et se changer les idées à coup de verres de vin blanc. Nos deux compagnons sont vachement décontractés par rapport aux circonstances, on passe une super bonne soirée. Ils ont à peu près le même âge que nos parents, du coup ils compatissent pour eux quand ils apprennent qu’on passe deux Noël d’affilé loin de nos familles. Enfants indignes, qu’ils nous disent !

On les ramène à leur hôtel avant de trouver un petit coin plus où moins officiel dans la ville de Cooktown pour y passer la nuit.

cooktown

Panorama depuis le phare de Cooktown – Cooktown Botanic Garden

Le Captain Cook a débarqué ici en 1770 pour faire des réparations sur son navire l’Endeavour. Pendant ce temps là, le scientifique et le naturaliste de l’équipage ont recensé plus de 200 nouvelles espèces de plantes. Comme nous, on les imagine un peu comme des petits fous à la découverte de ce nouvel environnement ! Le jardin botanique, sauvage et luxuriant, donne un bon aperçu de la flore locale. On y croise même un petit serpent inoffensif et quelques lézards multicolores.

lezard

hapiness

botanic garden

Jardin botanique de Cooktown

Mais ce qu’on adore le plus, c’est quand dame nature nous offre le goûter. Noix de coco récoltées sur la plage et mangues prématurées dévorées à l’ombre du grand manguier. C’est juteux, c’est frais, comme un goût de vacances sous les palmiers !

coconut

Ben trapeziste

cooktown beach

On reprend la route vers le sud, à la découverte des Tablelands : une région à l’intérieur des terres de Cairns. Il y fait plus frais et beaucoup plus humide, la végétation est impénétrable et très vallonnée. C’est le pays des cascades. Atherton, Yungaburra, Milla Milla… On y fait de belles promenades. Notre patience est cette fois récompensée par une petite bête qui finira par nous montrer le bout de son drôle de bec : Monsieur l’ornithorynque !

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ornithorynque

Nous observons les ornithorynques depuis les berges de la rivière.

ornithorynque

Difficile de prendre de bonnes photos de ces petites bêtes farouches.

cascade

Ces 10 jours de road trip autour de Cairns nous permettent de réaliser en douceur que l’aventure à bord du Yellow Van se termine là. Il est temps de passer le volant. On retrouve Alex et Sarah sur le parking du supermarché. On remplit les papiers, on leur donne nos dernières recommandations, et nous voilà partis en direction de l’arrêt de bus, nos sacs encore trop lourds et pleins à craquer sur le dos, les didgeridoos en bandoulière.

Figuier gigantesque et centenaire surnommé le "figuier rideau"

Figuier gigantesque et centenaire surnommé le « figuier rideau » – Curtain Fig Tree

On est partagé entre la tristesse de nous être séparés de notre compagnon de route au grand confort qu’on a aménagé avec beaucoup d’amour. En même temps, on est content de casser la routine, de se décoller de l’image pas très originale et pas toujours positive du « backpacker » français qui voyage dans son van, et de renflouer un peu les caisses pour repartir sur de nouvelles aventures.

On s’achète deux bonnes bières chacun, une pour fêter la vente et l’autre pour se remonter le moral et on s’installe au bord du Lagoon de Cairns. Pour ce soir, cette première nuit sans van, on décide de dormir dans les espaces verts des quais, un peu à l’écart du centre ville. On n’a pas trouvé nécessaire de payer un hôtel alors qu’on prend le bus à 5h du matin, demain. C’est plutôt confortable, jusqu’au moment où l’arrosage automatique se déclenche. Réveil en sursaut. On a le réflexe d’attraper nos gros sacs et les deux didgeridoos avant de courir se mettre à l’abri. On reste quelques minutes debout, un peu étourdis, le temps de réaliser ce qui vient de se passer. On termine la nuit de l’autre côté de la piste cyclable, sur la plage, le plus haut possible parce que la marée monte.

Le début d’une nouvelle aventure, on disait…

giant fern

cascadecasoarsfiguier étrangleurforêt tropicalenoix de cocoornithorynqueTablelands

zoomtheglob • 30 avril 2016


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Comments

  1. Annie 30 avril 2016 - 23 h 32 min Reply

    Encore bravo pour les photos! Trop bizarres ces plantes qui ressemblent à des bêtes et ces bêtes qui ressemblent à des cailloux! La nature fait de si beaux dessins qu’Alice n’a pas mis ses croquis cette fois-ci…

  2. Philippe 1 mai 2016 - 7 h 48 min Reply

    Manifique sa donne des envies, à la retraite peu t’êtres? Toute la nature sans pollution . Domage en FRANCE c’est trot tard ,Bises à tous les deux. Philippe.

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