Un nid douillet
L’aménagement de notre van a été une des premières grosses étapes de notre voyage. Celle qui allait conditionner la suite. On y a passé un mois assez intense. On vous raconte.
Fin décembre 2014. On commence par éplucher les petites annonces à la recherche d’un van ou d’un utilitaire. Mais on se rend vite compte que très peu de véhicules correspondent à nos critères : carburant diesel (idéal pour les grandes distances) et moins de 200 000 km (un truc relativement neuf, histoire de ne pas se retrouver en rade et de pouvoir le revendre plus facilement)
Finalement, nous jetons notre dévolu sur un Kia Pregio (réputé pour sa faible consommation, et un peu aussi sur les bons conseils de Claire et Jérémie de Soundwave on the road). Signe distinctif : couleur jaune poussin !
Les vacances de Noël se terminent. On fait le ménage dans la maison que l’on gardait pendant les fêtes, on dépose Sylvain à la gare de Bunbury et on prend la route vers le sud pour un nouveau helpX.
Graham et Shirley nous accueillent sur les collines de Dunsborough, une petite ville balnéaire à 250 km au sud de Perth. On découvre avec surprise que Graham est un grand bricoleur, son garage est immense, rempli de tous les outils possibles et imaginables ! On ne pouvait pas rêver mieux pour notre projet.
Le matin, on donne un coup de main dans la maison, le jardin et le potager. A partir de 11h, parfois même plus tôt, on a quartier libre. Et ça tombe plutôt bien, on a une maison roulante à concevoir !
Recherche d’idées et d’exemples sur internet, prise des dimensions du van, schéma global puis éclaté de chaque pièces, schéma électrique et câblage, liste des courses et estimation des coûts… 3 jours de travail intellectuel intense ! On s’est bien inspiré d’un article du forum Australia-Australie, que l’on a adapté à notre sauce.
Et c’est parti ! On retrousse nos manches pour décoller le tapis gris et gras, on passe un bon coup de serpillère.
Le van est tout propre, on peut enfin se lancer dans la construction. On découpe un plancher dans plusieurs morceaux de bois (avec biseautage des parties donnant sur la porte et le coffre, s’il vous plaît !), en utilisant l’immonde tapis d’origine comme patron.
Assemblage et jointure au silicone blanc, puis découpe et collage du lino qui recouvrira le tout.
Pour le lit, nous avons trouvé le système du clic-clac bien pratique : lit en position ouverte, canapé en position fermée (sans avoir besoin de défaire les draps à chaque fois qu’on le replie, comme sur certains montages). On achète un clic-clac d’occasion sur Gumtree (« le bon coin » australien), on lui coupe les pieds pour le fixer sur un coffrage et tadaaam ! On se retrouve avec un bel espace de rangement en dessous.
Côté cuisine, nous avons opté pour un système coulissant qui s’emboîte sous le lit pour ne pas perdre d’espace.
La faune nous espionne, mais on reste imperturbable…
Fabrication du plan de travail et découpe d’un trou pour l’évier (comprendre un saladier en inox).
Notez les trous d’aération pour le futur frigo (qui se sont avérés passage privilégié des moustiques après la moustiquaire installée…)
Un vieux bras de douche comme robinet.
Graham et Shirley sont désolés de nous voir consacrer tout notre temps libre à bricoler. On devrait en profiter pour se balader, visiter le coin ou aller à la plage ! La région est splendide et nos travaux prennent plus de temps que prévu. Mais c’est le prix à payer pour une certaine liberté. Et puis au fond, on s’amuse bien !
Un soir on rencontre Albert, un ami de nos hôtes. Il aurait besoin d’un coup de main sur son chantier, à presque 300 km au sud d’ici. On n’a pas fini le van et ça ne tombe pas très bien dans notre programme. Mais c’est l’occasion de se faire un peu d’argent, alors on accepte.
Après quelques jours passés à peindre les murs et les plafonds de sa maison en construction, il doit partir et nous propose de rester camper sur son terrain le temps que l’on veut. Entre le chantier d’Albert et le chantier de notre van, on goûte aux joies du camping précaire.
Une semaine à galérer avec un Leatherman comme seul outil, à prendre des douches froides (avec une vue imprenable sur les voisins, certes, mais dans un vent glacial). On se rend compte que tout ceci n’est pas très efficace.
On abuse alors de la gentillesse de Graham et Shirley et on retourne passer quelques jours avec eux pour profiter du confort du garage et de tous les outils.
On peut enfin passer aux choses sérieuses : l’électricité. Il a fallu que je revienne un peu aux fondamentaux, histoire de faire une installation propre et sécurisée (choix des diamètres de câble en fonction des intensités et des longueurs, fusibles adaptés…) Toute l’installation fonctionne sur une batterie auxiliaire de 100A, avec un coupleur lié à la batterie moteur. Du coup, lorsque le moteur est coupé, on utilise automatiquement la batterie auxiliaire, mais dès qu’on roule elle se recharge.
La soudure à l’ancienne…
On prend quand même des pauses pour aller piquer une tête dans l’eau turquoise de l’océan, on emprunte des masques et des tubas pour regarder les poissons. Un après midi, Graham et Shirley nous emmènent faire un tour de canoë. On pic-nique sur la plage en regardant le soleil se coucher.
Le van commence à avoir de l’allure. On peut attaquer les finitions : confection des rideaux par Alice aidée de Jenni et Robyn dans un tissu spécial isolant.
Le coffre en face du lit (dont le couvercle sert de table une fois ouvert) sera réalisé un peu plus tard dans un camping, intégralement au Leatherman ! Ça dépanne, mais on ne fera pas ça tous les jours…
Cette aventure aurait été bien différente sans Graham et Shirley qui nous ont beaucoup donné pendant les 3 semaines que l’on a passées chez eux. Un grand merci aussi à Jenni et Robyn pour la couture, la maman de Robyn pour le tissu des rideaux, et Albert pour sa générosité !
On était quand même bien content d’avoir fini. Et un peu fier du résultat aussi. Faut dire qu’il avait de la gueule, quand même, notre yellow van. (On peaufinera encore quelques trucs sur la route, les épices aimantées, les poignées de placard en noix d’eucalyptus, l’installation de la moustiquaire…)
On ne vous dira pas…
– qu’on a été obligé de recouper des bouts du lit, car une fois ouvert, il reposait sur la cuisine au lieu de reposer sur le coffrage (« Mesure twice, cut once » c’est la devise de Graham que l’on retiendra…)
– qu’on a fabriqué une magnifique housse isotherme pour protéger notre frigo, à base d’isolant pour maison récupéré sur le chantier d’Albert… mais que ça ne rentrait finalement pas dans l’emplacement prévu à cet effet. Trop de sur-mesure tue le sur-mesure.
– qu’une des glissières de la cuisine est tombée dans le sable. S’en sont suivies 2 heures de nettoyage pour qu’elle ne grince plus. Vive le WD40… ( on taira par la même occasion le nom du responsable… )
– qu’on a fait fondre le réchaud d’Albert lorsqu’on bossait avec lui ( on taira également le nom du même responsable… )
– qu’on s’est retrouvé plusieurs fois avec le contenu de nos placards déversé dans le van lorsque l’on prenait un virage un peu raide, parce que notre système de fermeture n’était pas bien au point…
– que la carrosserie s’est enfoncée sous notre poids alors qu’on regardait les étoiles, une nuit dans le Nullarbor…
Quelques fun facts :
22913 km parcourus
2600 $ de gazole (environ 1800€)
7,5 mois d’occupation
2 vidanges (dont une sauvage)
1 phare perdu sur une piste cabossée interminable
0 kangourou percuté mais 1 wombat frôlé de près
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